Essaouira,
provient probablement du mot arabe de Al
Souirah, soit la petite forteresse entourée de murailles...
D'autres personnes disent que ce nom est un dérivé
de Atassouira (ou At'souira) : photographie. Jusqu'à la proclamation
de l'indépendance du Maroc, Essaouira fut appelée, Mogador,
probablement une traduction du Portugais de Amogdul
(le bien gardé).
En tout cas, les livres penchent pour cette hypothèse
puisqu'il paraîtrait qu'à partir du Xème siècle la ville fut
baptisée ainsi du nom du saint patron berbère
de la cité, Sidi Mogdoul, enterré à 3 km de la ville
Quelle que soit l'origine de sa dénomination, elle demeure un havre
de paix protégé par les alizés et enivrante de toutes les essences
que travaillent ses ébénistes...
L'histoire d'Essaouira commence au VIIe siècle av J.C. Les
Phéniciens faisaient escale dans l´île de Mogador lorsqu´ils
descendaient vers l'Afrique noire. Une poterie, retrouvée sur
l’île d’Essaouira et signée du nom de l’amiral carthaginois
Magon, atteste la présence des Carthaginois autour de la cité
vers 630 avant J-C. La plus importante de ces îles sera
habitée de façon permanente pour la première fois par les
romains à partir de la fin du Ièr siècle avant J-C. Le roi de
Mauritanie, Juba II, y installe un établissement pour extraire
la pourpre, ce précieux mollusque qui leur procurait la
fameuse couleur pourpre dont ils teignaient leurs toges. Ce
même colorant donnera son nom aux îles Purpuraires au large
d'Essaouira.
A partir du Xème siècle, dans le
port d'Essaouira transitaient toutes
les marchandises produites dans la province du Souss et dans
tout le sud marocain. Au XIVème siècle, Amogdoul devient
Mogdoura pour les Portugais qui s'y
installèrent. Ils firent de la cité un important
comptoir commercial. En 1506, ils y construisent un petit port
et plusieurs fortins. Ce qui allait conférer à
la ville sa configuration spécifique. Une forteresse tellement
utile qui atténuait son caractère vulnérable en raison de sa
trop grande exposition. Les Portugais encouragèrent à
l’époque l’exploitation intensive de la canne à sucre.
Transformée par les Espagnols en Mogadour les Français lui
donneront le nom de Mogador.
Récupérée par l'Empire Chérifien marocain,
elle fut d'abord restaurée par Moulay Abdelmalek en 1628.
L’économie d’Essaouira a connu son apogée depuis le 17ème
jusqu’au début du 20ème siècle grâce, notamment à la présence
massive des juifs appelés par le sultan Ahmed El Mansour
Eddahbi et a celle d’une importante communauté européenne. De
nombreuses sucreries ont été construites au Maroc par les
Sâadiens, en particulier dans le Haouz. C’est à cette
glorieuse époque que les échanges économiques et commerciaux
se sont développés avec l‘Europe. Le petit port
d'Essaouira deviendra
plus tard une véritable base navale. Au
XVIII ème siècle, le sultan Sidi
Mohamed Ben Abdallah décida de construire un nouveau port pour
favoriser le commerce entre l'Afrique et l'Europe
consolidant l'action de ses prédécesseurs.
Ainsi, il fit appel à un français, Théodore Cornut,
disciple de Vauban, qui en dessina les plan.
Le Sultan y fit établir par la suite
de nombreux consulats européens renforça la
présence de la communauté Juive
venue des autres villes du Royaume et de la compagne
environnante |

Vue
aérienne d'Essaouira |
Lors de l'édification d'Essaouira au XVIII ème siècle, des batteries
de canons furent placées en plusieurs points de la ville afin de
mieux la défendre et de faire de ce port un lieu sûr pour les
marchands. A l'entrée du port fut construit un bastion circulaire,
le Borj El Bermil. Sur l'île de Mogador fut bâti, à la même époque,
le Borj El Assa ( bastion de surveillance ). Au total on compte 8
batteries réparties sur les six îles qui font face à la ville. Enfin
au sud de la baie d'Essaouira, à l'embouchure de l'oued Ksob, on
éleva le Borj El aroud. Ces fabrications à la Vauban avaient
également pour fonction de protéger la cité du côté des terres
contre les incursions des tribus insoumises. Outre l'aspect
défensif, les fortifications avaient pour but de stopper
l'ensablement de la ville. L'idée a été, depuis cette même période,
d'enrayer la progression des dunes attenantes par la plantation
d'arbres, qui stabilisent le terrain

Vue des
batteries de canons qui
protégeaient la ville |
Essaouira connaît une véritable histoire de murailles
qui se mêlent les unes aux autres : Murailles
extérieures, grandes et majestueuses et petites murailles
intérieures plus humbles confèrent à la
ville, trois visages totalement différents;
La Médina, la Kasbah et le Mellah.
Pendant très longtemps,
Essaouira a regroupé une population marocaine,
constituée à 50% de musulmans et 50%
de juifs,
et des époques
où ces derniers étaient majoritaires dans la ville.
L’ancienne
médina était cernée par les portes qui protégeaient la ville
et qui étaient fermées après le coucher du soleil. La Kasbah
est le plus ancien quartier de la cité. C'était le quartier
résidentiel du Makhzen constitué des dirigeants de la ville.
On y accédait par la porte « Bab Sbaâ » en la longeant vers le
nord on trouve « Bab Doukala » et à l’Est de cette dernière «
Bab Marrakech » donne sur les nouveaux quartiers à la limite
des durs.
Le nord de la Kasbah était occupé par les consuls. Le sultan
aavait fait bâtir une maison pour chacun d’eux. La kasbah
était également la maison d’Espagne « Dar Musica » conçue
selon plans espagnols. La maison du Danemark et la maison de
Hollande étaient située au bout de la rue Hoummane El
Fatouaki. A l’entrée nord de la Kasbah « Derb Laâlouj » se
trouvait la résidence de l’envoyé Gênes. En 1775 le Sultan
créa un atelier pour la frappe des monnaies dans La Kasbah où
se trouvait également, à l’époque, la maison d’Allemagne, à
l’extrémité de la rue Ibn Zohr où étaient bâtis une église et
le consulat portugais. |
La grande mosquée de Sidi Ben Youssef se trouvait à la limite de la
Kasbah et la médina. Les juifs, dont la plupart étaient commerçants,
intermédiaires économiques et politiques ou représentants consultant
des puissances étrangères, habitaient le quartier Mellah situé au
front de mer, côté Ouest de la Kasbah. Ce quartier a été construit
sur ordre de Moulay Slimane pour alléger la Kasbah.
Le palais du Sultan qui s’appelait « Dar Sultan »,était construit à
l’extérieur et au sud de la ville, près de la côte. Il était meublé
à l’européenne et comportait cinq pavillons dont il n’en subsiste
que quelques ruines. En 1820, le palais Dar Sultan servait aux
autorités locales. Avant d’être entièrement ensablé, il était
entouré d’une forêt de tamaris.
En 1863 une nouvelle Kasbah est bâtie sur ordre du Sultan Mohamed
Ben Abderrahmane.
« Barakat Mohamed » qui signifie la bénédiction du prophète, est un
terme sacré pour les habitants d’Essaouira. On trouve cette
inscription un peu partout dans la ville : sur les quatre faces deux
donjons de la Sqala portugaise, sculptée sur les quatre faces du
premier monument, à l’entrée de la ville, par la côte. Elle est
présente aussi les objets artisanaux (sur des plaques de thuya) et
dans les oeuvres des artistes peintres et des calligraphes.
Dans les années 60, Essaouira devint le refuge privilégié des
hippies. Orson Welles y tourna son fameux film "Othello".
Depuis quelques décennies les surfeurs
(dont je fais partie
) attirés par les vagues et le souffle régulier des alizés en
on fait une destination sportive très en vogue.
Essaouira a connu deux styles différents de musiques : la musique
des Haha (une des ethnies berbères
du Maroc) au sud de la ville et la
musique des Chiadma (ethnie arabe
du Maroc) au Nord. Mais
Essaouira est aussi connue
pour la musique de transe de la confrérie des Hmadcha qui organisent
un Moussem chaque année à Essaouira. Leur Zaouia, lieu de culte et
de rencontres, se trouve dans la Médina.
La ville a également exporté à travers le monde la musique
des Gnaoua (ou Gnawa : descendants des guinéens
probablement) célèbre dans de nombreux pays.
C'est une musique de transe où le corps s’exprime et se
libère. Les Gnaoua sont d’anciens habitants de la cité ; ils sont
des maîtres musiciens et utilisent les instruments à percussion et à
cordes (tambour et guenbri) ainsi que les crotales (krakech)… Leurs
chants tristes et plaintifs racontent les souffrances vécues de
leurs ancêtres. Cette communauté islamisé a gardé à
travers cette musique et à travers d'autres activités un côté
animiste et quelque peu vaudou.
Cliquez ici pour aller sur le site officiel de la musique Gnaoua
Le moussem de
Regraga qui commence au printemps, vers le 5 avril et dure une
semaine, est un événement des plus marquants dans la culture
marocaine. Les Regraga sont reçus
tous les ans par les notables de la ville au rythme des
Hmadcha. Un accueil très particulier, empreint de culte et de
dévotion, leur est réservé durant leur particulier, empreint
de culte et de dévotion, leur est réservé durant leur parcours
qui commence de leur Zaouia dans la région de Akermoud au Nord
‘Essaouira, en passant par Diabet. Toute la ville attend cet
événement qui apportera joie et apaisement de l’âme et
chassera les mauvais esprits. Durant leur séjour ils seront
acclamés et vénérés par tous et reçus à grands plats de
couscous, met traditionnel du pays.
En décembre 2001, l’organisation des nations unies pour
l’éducation, les sciences et la culture (UNESCO), a inscrit la
médina d’Essaouira dans la liste prestigieuse des sites qui
font partie du patrimoine de l’humanité.
Cette reconnaissance mondiale n’est pas adressé uniquement au
coté architecturel et historique de la ville, mais aussi à un
ensemble des pratiques et de modes de vie spécifiques à
Essaouira : c’est un lieu exceptionnel de coexistence
pacifique entre différentes religions et ethnies (musulmans,
juifs, chrétiens…), un havre de paix et de tolérance entre des
hommes partageant des valeurs humanistes que cette ville
cosmopolite a su cultiver à travers toute son histoire.
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Cimentière
souiri |
Des gens de différents horizons du monde et beaucoup
d'artistes l'ont adopté : peintres, musiciens et écrivains ont
trouvé le lieu idéale pour la création dans cette ville qui est un
véritable musée à ciel ouvert
L'artisanat n'est pas de reste. Il constitue une source non
négligeable. Sculpture sur bois, surtout, mais aussi sur l'argent et
le bronze. Les tables souiries, de toutes sortes, sont fort prisées,
du fait de leur design difficilement égalé (souvent disponibles dans
les magasins dits "tendances" en Europe et aux Etats-Unis, etc.)
Les habiles artisans d'Essaouira travaillent
surtout le bois de Thuya, l'arbre le plus répandu localement. Le
bois, aussi appelé en arabe"A'arar".
Il est relativement rare donc très prisé des artisans.
ils utilisent surtout les racines de
l'arbre, naturellement sculptées de motifs
forts agréables à la vue (si vous voulez voir à quoi
ça ressemble, venez boire un thé chez moi à Paris
).
Autre spécificité de la ville, les ressources
naturelles dont regorge son arrière pays, mais surtout,
l’arganier, un arbre unique au monde (ne pousse que dans cette
région du monde) qui s’adapte aux conditions climatiques locales et
qui donne un fruit à base duquel on fabrique l’huile d’argane connu
pour ses bienfaits diététiques et cosmétiques. En 1999, l’UNESCO, a
classé cet arbre comme patrimoine universel qu’il faut préserver et
sauvegarder. Sans oublier qu'Essaouira
c'est le Royaume de la
Dame Sardine au Maroc... A déguster frais au port,
cuites devant vous.

Le
vieux port
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